Soutien aux réfugiés : quand le sport s’en mêle

  • Auteur/autrice de la publication :

Le monde du sport, nous l’avons vu cet été avec les Jeux olympiques de Paris, n’est pas indifférent au sort des personnes réfugiées. L’Équipe olympique et paralympique des réfugiés a été créée en 2016 par le Comité international olympique (CIO) pour les Jeux de Rio. Elle permet à des athlètes de haut niveau qui, en raison de leur statut de réfugiés, ne peuvent ou ne veulent pas appartenir à une équipe nationale, de concourir sur la plus grande scène sportive du monde. Le président du CIO Thomas Bach a déclaré à cette occasion : « Nous vous accueillons tous à bras ouverts. Vous êtes un enrichissement pour notre communauté olympique et pour nos sociétés. » 

Des sportifs aux parcours difficiles et inspirants

L’équipe olympique des réfugiés n’est pas une équipe comme les autres. Parce que, souligne le CIO, « dans cette équipe, les jeunes déplacés reconstruisent leur vie ». Grâce au sport et à l’esprit olympique, ils retrouvent « un sentiment d’appartenance, développent des compétences de vie et façonnent leur propre avenir ». Constituée de sportifs aux parcours différents, aussi difficiles qu’inspirants, c’est avant tout une délégation d’êtres humains pour qui le sport a sauvé la vie. Parfois, littéralement, comme c’est le cas de la nageuse syrienne Yusra Mardini qui a participé aux JO de Rio et Tokyo. En 2015, elle a 17 ans. Avec sa sœur Sarah, de deux ans son aînée, elle fuit la Syrie en guerre, par Beyrouth, Istanbul et Izmir, avant d’embarquer pour Lesbos. Le bateau étant tombé en panne dans la nuit, les deux sœurs ainsi que deux autres personnes, seules à bord sachant nager sur les vingt passagers, se mettent à l’eau pour pousser et tirer l’embarcation durant trois heures jusqu’au rivage. Elle reçoit l’asile politique en Allemagne et s’entraîne pour les jeux de Rio, où elle ambitionne de s’inscrire, en tant qu’athlète réfugiée, sous la bannière olympique pour concourir en 200 m nage libre. En juin 2016, elle est retenue au sein de l’équipe des dix athlètes réfugiés pour Rio. En 2017, nommée ambassadrice de bonne volonté par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCNUR), Yusra Mardini devient la plus jeune ambassadrice à l’ONU.

La solidarité olympique

Une équipe olympique des réfugiés fonctionne comme une équipe nationale. Les athlètes sont choisis en fonction de leurs capacités sportives au niveau national et international, mais aussi en fonction de leur statut de réfugiés, validé avec l’aide du HCNUR. La solidarité olympique couvre les frais de voyage des athlètes ainsi que les autres dépenses liées à leur participation aux Jeux. Un programme mis en place par l’Olympic Refuge Foundation offre la possibilité aux comités nationaux olympiques hôtes d’identifier les athlètes réfugiés vivant dans leur pays et de les soutenir tout au long de leur entraînement et de leur participation à des compétitions de haut niveau. En cas de victoire, c’est l’hymne olympique qui est joué lors de la remise des médailles.

2024, l’année des records

Présente pour la troisième fois consécutive aux Jeux olympiques, l’équipe des réfugiés formée pour les Jeux de Paris a été, avec 36 athlètes engagés, et 8 athlètes paralympiques et 2 guides, la plus importante à ce jour, reflétant le nombre croissant de réfugiés dans le monde. Pour la première fois, cette délégation a défilé sous son propre emblème : un cercle de flèches symbolisant « l’expérience commune », au centre duquel se trouve un cœur.

Et pour la première fois, elle a eu la fierté de remporter trois médailles de bronze : l’une par la boxeuse camerounaise Cindy Ngamba qui, en situation irrégulière au Royaume-Uni, a obtenu en 2020 le statut de réfugiée, son orientation sexuelle étant réprimée au Cameroun ; et, en paralympique, une médaille en para-taekwondo par l’afghane Zakia Khudadadi qui, ayant fui son pays après la prise du pouvoir par les talibans est la première femme afghane à poursuivre une carrière internationale en ce sport ; enfin, la troisième médaille pour le 400 mètres, que le sprinter malvoyant camerounais Guillaume Junior Atangana partage avec son guide Donard Ndim Nyamjua, réfugié et athlète comme lui, est le résultat d’une solidarité indéfectible qui dure depuis cinq ans, et d’autant plus nécessaire que les deux athlètes nourrissent les mêmes ambitions aux Jeux paralympiques. 

Tous ces jeunes sportifs ont persévéré et fait preuve d’une incroyable détermination. Leur victoire représente une source d’inspiration pour les athlètes réfugiés et un message d’espoir fort pour toutes les personnes déplacées dans le monde.

Marie-Claude