Pendant le confinement, Tandem se mobilise et s’adapte à la nouvelle donne.
Pour les personnes réfugiées, cette période est une épreuve supplémentaire. C’est difficile de comprendre la situation quand on ne maîtrise pas parfaitement la langue française. Les bénévoles ont beaucoup échangé avec les personnes accompagnées pour expliquer la situation. Puis, il a fallu organiser son temps et rester positif. Pas facile quand on habite seul dans 9 m² ou à 6 personnes dans 30 m² !
Nous avons d’abord organisé des « Tandem » de lecture : une personne réfugiée est confiée à un bénévole et il s’agit de lire un texte commun chacun son tour au téléphone. Ce texte est choisi par les deux protagonistes à partir d’une petite bibliothèque créée pour l’occasion, puis le « Tandem » se retrouve quotidiennement autour de l’apprentissage de la lecture en français. Certains liront encore entre deux sessions téléphoniques. D’autres pourront apprendre le vocabulaire nouveau lu la veille, pour s’occuper dans la journée. Tous progressent au fil des jours qui passent. Certains se passionnent pour leur lecture, souvent le premier livre qu’ils liront en français. Une belle occasion de découvrir Astérix, Tintin ou même Le Clézio ou Camus !
Cet engagement mutuel permet aussi de s’encourager et de prendre des nouvelles chaque jour. Quelques-uns sont tombés malades seuls chez eux… Ne pas se sentir abandonné était essentiel ! Heureusement, au jour où nous écrivons, on ne déplore aucune hospitalisation.
Une fois que ce rythme de contact plus soutenu a pu être installé, des recherches d’emploi et de formation ont été relancées. Certains bénévoles ont écumé internet pour trouver quelques emplois dans les secteurs qui recrutaient en urgence comme les hôpitaux, le secteur agricole et les plateformes de livraison. Nous espérons que Sabir va trouver sa place au Village Potager, une belle entreprise d’agriculture bio qui fournit les AMAP parisiennes. Est-ce qu’un hôpital proposera à Habib un emploi de cariste pendant la période de confinement ? Le temps libéré permet aux accompagnateurs d’approfondir aussi les recherches de formation et d’y inscrire certains : Allah Mohamed en CAP de plomberie, Hedayatullah en hôtellerie-restauration et Maimouna en formation qualifiante RH.
Nous en souvenons-nous ? Début mars, les gestes barrières étaient déjà de mise même si chacun continuait sa vie ordinaire en tremblant un peu. Pas question pour Tsering et pour sa fiancée venue exprès des Etats-Unis, de repousser la date de leur mariage ! Ils sont donc allés à la mairie de Créteil avec quelques amis, en grande tenue traditionnelle, pour célébrer leur union. Catherine avait participé activement à la constitution du dossier administratif : comment marier en France un tibétain réfugié et une américaine munie d’un visa de tourisme ? Elle en sait quelque chose ! La fête a eu lieu avec ses rituels républicains et tibétains réunis pour l’occasion et la présence d’une traductrice, Catherine, sans laquelle le mariage n’aurait pas été validé. Félicitations aux jeunes mariés !
On se marie pendant l’épidémie, on naît aussi… Bienvenue à Margot née en plein confinement à l’hôpital Notre dame de Bon Secours après que la maman a marché un long trajet faute de taxi pour la transporter. Un peu plus et Margot naissait dans la rue ! Félicitations à Katrina et Christian, les Community Managers de Tandem, qui ont vécu cette aventure avec un grand sang froid ! Et bienvenue à Margot qui promet déjà une vie d’aventurière ! Aujourd’hui, on ne mesure pas encore complètement les conséquences de la crise sanitaire sur l’emploi des personnes que nous accompagnons. La sortie du confinement sera rude, c’est sûr ! Plus que jamais, les bonnes volontés bénévoles seront les bienvenues à Tandem !